Il est des temps où certaines discussions vous aident à faire des prises de conscience, et c’est ce qui s’est passé lors d’un déjeuner la semaine dernière avec mon ami Marc. Souvent, il nous arrive de réfléchir ensemble pour alimenter notre utopie. Vouloir réveiller le potentiel des équipes. Comment créer l’envie de collaborer, de partager dans une équipe ? Comment donner un sens au collectif ?
Bref cette discussion m’a donné envie de m’arrêter un instant sur « la confiance mutuelle entre plusieurs personnes ». Celles qui forment une équipe, celles qui donnent envie d’échanger, de refaire le monde pour mieux se réinventer, celles qui nous permettent de répondre à notre besoin de connexion et de satisfaire le sentiment d’appartenance. Mais la question qui nous habite finalement est : « Comment cette confiance est-elle possible dans un groupe ? » Comment est-il possible de la maintenir dans le temps ? Quels rôles doit jouer un manager ou pas pour y arriver ?
Si la confiance en soi peut se développer, à travers plusieurs leviers possibles comme : le coaching, le développement personnel, les thérapies, des exercices de pleine conscience ou encore la sagesse de plusieurs printemps… Pour la confiance en l’autre c’est une autre histoire. En effet, l’envie de collaborer, de s’exposer, de se dévoiler, de montrer ses fragilités devant l’autre ou encore devant un groupe n’est pas la même approche. La confiance en soi est sûrement un prérequis pour avoir confiance en l’autre ou s’ouvrir aux autres. Mais elle n’est surement pas suffisante pour qu’une confiance mutuelle puisse s’installer. Comment la confiance mutuelle est-elle possible ?
Je vais modestement essayer de répondre à ma façon sur les recettes de la CONFIANCE, élément essentiel pour la réussite d’une équipe.
1 – Dans le monde du sport, il est facile de comprendre que partager ensemble un projet, un objectif est un élément fondateur dans la confiance en l’autre. Savoir que l’on partage tous ensemble l’envie de gagner, de devenir le N°1 mondial est un catalyseur du rassemblement autour d’une ambition commune. Ainsi la naissance d’un projet COMMUN est un élément fondateur d’équipe.
2- La performance d’une équipe excelle lorsque l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel. Pour que 1+1 = 3 il faut que les coéquipiers soient non seulement à l’écoute les uns des autres, mais aussi dans le respect de leurs différences. D’ailleurs ces différences sont généralement perçues comme des complémentarités. Dans une équipe de foot, chacun joue un rôle au service d’un intérêt commun. Chacun est ouvert et écoute ses coéquipiers pour faire progresser le jeu dans le respect de la vision de chacun. L’ÉCOUTE, L’OBSERVATION et LE RESPECT deviennent les moyens de servir l’équipe et de pouvoir atteindre le projet commun.
3- La seule permanence au monde est le changement. Nous avons le devoir, mais aussi la nécessité de nous adapter. Être capable de changer son fusil d’épaule au dernier moment, la souplesse et agilité sont donc les qualités nécessaires pour qu’une équipe performe. La vie d’équipe n’est donc pas un long fleuve tranquille. Communiquer son point de vue, écouter celui des autres, construire une vision acceptable pour répondre aux intérêts individuels et collectifs sont les étapes récurrentes d’une équipe. La FLEXIBILITÉ devient alors le lubrifiant des rouages d’une mécanique bien huilée. Ainsi la richesse d’une équipe est de pouvoir conjuguer grâce à la flexibilité, plusieurs visions différentes et d’avoir l’agilité d’adapter en permanences sa stratégie. Dans l’entreprise nos organisations doivent aussi répondre à cette agilité, cette flexibilité. Dans une organisation pyramidale, ce sont les managers qui doivent apporter la souplesse nécessaire aux changements conjoncturels. Dans les organisations dites libérées (sans concentration du pouvoir de décision) la flexibilité de l’équipe est le seul moyen de répondre aux contraintes du changement. L’ADN d’une équipe se doit d’intégrer la flexibilité pour vivre la confiance mutuelle.
4- Nous sommes tous habités par 2 peurs :
– La peur de ne pas être aimé et
– La peur de ne pas réussir.
Ces deux peurs sont probablement les deux obstacles les plus importants à l’alchimie de la confiance dans un groupe. En effet ces peurs réagissent comme un moteur bidirectionnel. D’un côté il nous pousse à ne pas nous dévoiler tel que nous sommes vraiment, par peur du jugement de l’autre. Et de l’autre côté, il nous pousse à dire ce que nous croyons bon de dire pour pouvoir être accepté du collectif. Un peu comme dans un entretien de recrutement où l’employeur survend le poste et la société et de l’autre côté le candidat qui survend ses expériences et son potentiel. Bref toutes les conditions pour que la confiance soit faussée dès le départ ! L’honnêteté et la sincérité restent encore et toujours la bonne recette pour établir un lien de confiance entre 2 personnes. Il faut aussi accepter que pour traverser ses propres peurs il est toujours plus facile et plus rapide de se faire accompagner par un professionnel.
5- D’une façon ou d’une autre on ne peut pas parler de confiance qui règne dans l’équipe sans parler du leader, du manager ou celui qui anime cette même équipe. Notre culture, notre éducation, notre histoire sont basées sur le postulat du sachant et de l’apprenant. Associé à ce postulat, nous avons hérité de la culture du CONTRÔLE. Or c’est justement certaines formes de contrôle qui cassent la confiance mutuelle. Pourquoi contrôler les horaires des salariés si justement on leur fait confiance ? Les récentes études sur les organisations libérées (ou libérantes) montrent qu’une personne ou une équipe en confiance surperforment tellement qu’elles peuvent largement supporter les 2% des personnes qui profitent du système. À l’inverse le contrôle inhibe la prise d’initiative et favorise la culture individuelle au sein de l’équipe. Les leaders de demain devront digérer l’héritage de la révolution industrielle, de la financiarisation des entreprises qui prônent le contrôle pour rassurer les investisseurs (et financer nos retraites). Ils devront se mettre au service de leurs équipes pour devenir des facilitateurs, des révélateurs, des coachs bienveillants… Ainsi viendra la confiance mutuelle et chaque équipier pourra s’épanouir au sein de l’équipe.
Parents, enseignants, élus, managers, salariés, nous sommes tous concernés pour faire bouger la société. Nous sommes tous acteurs des équipes dans lesquelles nous sommes. Nous pouvons tous agir ou réagir pour faire bouger les choses. Nous pouvons tous faire le premier pas pour construire les conditions d’une confiance mutuelle. Ce sont ces équipes qui construiront le monde de demain. Alors, soyez acteur et osez la confiance !